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Tunisie : le mea culpa de Nicolas Sarkozy / La conférence de Presse sur le G20

Un peu moins de deux semaines après la chute du président Zine Ben Ali, Nicolas Sarkozy ne sait toujours pas très bien comment justifier l’attitude passive de la France face aux événements tunisiens. Hier à l’Elysée, lors de sa conférence de presse sur leG20et les sujets internationaux, le chef de l’Etat a esquissé un timide mea culpa, reconnaissant avoir «manqué de recul ».

Un euphémisme quand on sait que Paris a soutenu l’ancien président jusqu’au bout en espérant que ses concessions de dernière minute face à la rue lui permettraient de se maintenir au pouvoir. « Derrière l’émancipation des femmes, l’effort d’éducation, le dynamisme économique, l’émergence d’une classe moyenne, il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d’étouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous n’avions pas pris la juste mesure », a concédé Sarkozy devant la presse. Avant de trouver la parade : « Je revendique une certaine réserve lorsqu’il s’agit de commenter les événements de pays qui ont été colonisés. » En clair, c’est à cause de son lourd passé que Paris est resté prudent : « Quand on est si proches, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n’a pas toujours le recul nécessaire. » Mais ce qui est vrai pour la Tunisie aurait dû l’être aussi pour la Côte d’Ivoire. Or, le chef de l’Etat n’a pas hésité à condamner l’attitude de Laurent Gbagbo depuis sa défaite électorale face à Alassane Ouattara.

Le sommant même, à plusieurs reprises, de quitter le pouvoir.

Il préfère « rester prudent »

En privé, le chef de l’Etat justifie sa position sur la Tunisie. Loin des micros, il explique que ce n’était pas son rôle de « soutenir les manifestations de rue », car cette attitude ne lui aurait pas été pardonnée « en Algérie ou en Egypte ». Et il s’inquiète de la résurgence d’une mouvance islamiste à Tunis alors que Ben Ali l’avait contenue par la manière forte. « C’est une très bonne nouvelle que le peuple tunisien ait retrouvé sa liberté, mais je préfère rester prudent », confie-t-il.

Désireux de tourner la page, Sarkozy promet que la France aidera le nouveau pouvoir tunisien. D’abord sur le plan économique en plaidant auprès de ses partenaires européens pour que la Tunisie obtienne « un statut avancé » auprès de l’Union européenne (ce qui lui permettra notamment de bénéficier des tarifs douaniers préférentiels).Ensuite sur le plan juridique en bloquant les avoirs du clan Ben Ali en France pour les restituer ensuite. Le parquet de Paris a d’ailleurs annoncé, hier, l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les biens de l’ex-président tunisien et de son entourage à la suite d’une plainte de trois organisations non gouvernementales.

Article de Presse paru dans le journal Le Parisien MARDI 25 JANVIER 2011, par FRÉDÉRIC GERSCHEL.

"La culture, c'est ce qui reste lorsqu'on a tout oublié"

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